Ma démarche artistique questionne le rapport que j’entretiens avec le temps, avec les traces de son passage sur la matière ou celles de l’effacement. Ces questionnements se précisent à travers l’idée de la mémoire des matériaux, laquelle entrecroise l’imaginaire des ruines et explore le dispositif installatif en tant que métaphore de la mémoire des lieux, de mémorial, mais aussi de la mémoire humaine. En interrelation avec mes nombreuses « expéditions » des cours à rebuts et sites d’entreposage industriels, ma démarche de recherche et de création issue d’un alliage entre le sculptural et le pictural repose sur la réhabilitation d’objets en détérioration et sur ma pratique du palimpseste, principalement à partir de l’archivage et du collage d’images d’artéfacts architecturaux industriels. Je fais donc migrer la notion de réhabilitation -habituellement utilisée dans un contexte judiciaire et social - vers un contexte artistique à teneur à la fois poétique et environnementale où viennent se rencontrer stratification de couches de mémoire, passage du temps, imaginaire des ruines, monument commémoratif et questionnement de la valeur attribuée au déchet dans la société.